Au centre, emmaillotés et immobiles, coiffés de la couronne blanche flanquée de plumes d’autruche, le sceptre et le fouet croisés sur sa poitrine, trois statuettes d’Osiris. "Souverain de l’Occident" – le royaume de l’au-delà –, Osiris était le dieu mort revenu à la vie grâce aux rites de la momification pratiqués par sa sœur-épouse Isis. C’est elle que l’on devine à droite, dans l’attitude de la mater lactans. Vêtue d’une longue robe, elle présentait à l’origine son sein gauche à l’enfant placé sur ses genoux, Horus, né de l’union posthume d’Isis et d’Osiris. Le dieu fils était généralement figuré assis, nu, portant la mèche de l’enfance et parfois coiffé, comme à gauche, de la couronne de Haute et Basse Égypte. Car il était Horus vengeur de son père et souverain légitime qui, aux dires d’Hérodote, "régna le dernier sur l’Égypte", avant que ne lui succède les pharaons "humains".
Ces statuettes sont autant de témoignages de l’importance du culte osirien au sein des sanctuaires égyptiens à partir du Ier millénaire av. n. è. En 238 av. n. è, le décret trilingue de Canope célébrait ainsi la fête pendant laquelle Osiris naviguait sur le bateau mythique qui portait le soleil traversant la nuit, depuis un reposoir situé à Héracléion, jusqu’au saint des saints de l’Osiréion – le « tombeau d’Osiris » – de Canope. Or, des dépôts rituels et des instruments de culte qui ont été mis au jour lors des fouilles archéologiques de l’IEASM dans l’ancien canal qui reliait les deux sites démontrent le caractère sacré de cette grande voie utilisée lors des cérémonies des Mystères d’Osiris. Au cours de ces célébrations des figurines du dieu étaient modelées dans la terre ensemencée d’orge gorgée d’eau de la crue nouvelle. Leur germination était le symbole de la renaissance d’Osiris. Il était l’être vert, couleur de la vie, du renouvellement et de la prospérité.
Statuettes en bronze découvertes sur le site de Thônis-Héracléion, Égypte, VIe – IIe s. av. J.-C. Mise en scène et photo Christoph Gerigk © Franck Goddio / Hilti Foundation.