Il semble que vers la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle les objets symboliques soient amenés à constituer le décor principal. De nombreuses fouilles confirment cette vogue, à la fois sur le continent chinois et dans les grands océans du globe. Ces motifs auparavant étaient disposés sur les bordures alternant avec des fruits, des fleurs ou des oiseaux. Les rubans qui les accompagnaient, larges et réguliers, ondulaient symétriquement. Ils vont alors se métamorphoser en de fins cordons avec des noeuds bouclés terminés par de gros glands. Ces regroupements de symboles mêlent apparemment sans règle précise aussi bien des emblèmes bouddhiques ou taoïstes que des objets de bon augure, illustrant le syncrétisme ambiant des mentalités à la fin des Ming. Parmi ce répertoire les plus courants sont la feuille qui éloigne les maladies, la gourde double qui contient les remèdes magiques, l’éventail qui ressuscite les morts. Il faut y ajouter la tête de ruyi qui exauce tous les désirs et le lingzhi, le champignon d’immortalité. Tous ces symboles vont être adaptés à la morphologie en panneaux dont ils exploitent pleinement les surfaces. Leur usage répétitif témoigne en faveur d’une codification, prélude à une organisation industrielle. La croissance de la demande à l’exportation aurait probablement contraint les responsables des ateliers de Jingdezhen à recourir à de nouvelles modalités de production. Toutefois il reste clair que si le processus est en marche autour de 1600, la part dévolue àla création demeure, comme le manifeste la qualité, en particulier des bouteilles du San Diego. Non seulement les décorateurs soulignent et renforcent les formes mises au point par les potiers, mais encore ils excellent dans le rendu des détails. Dans les bouteilles inv. 372 et 2860 les peintres dessinent avec beaucoup d’aisance des vases, des glands, des oiseaux. Une grande liberté règne en matière d’articulation de ces registres successifs. Mais jamais la surabondance des motifs n’altère les formes. Le décor n’est ni confus ni enchevêtré, il reste clair, avec chaque emblème intégré dans son propre espace sans empiéter sur celui des autres et en accord avec la conception morphologique générale. Ainsi, il peut s’épanouir largement comme l’illustre l’assiette inv. 4410. Mieux encore, les énormes glands, les rubans, les noeuds sont mis en valeur par la succession des encadrements, spécialement le dernier à contour étoilé. Le lot très cohérent d’objets à décor d’emblèmes du San Diego atteste bien la souplesse d’adaptation des artisans du Jiangxi àces nouvelles données structurelles. Autres pièces du San Diego ayant pour thème les emblèmes: Bouteilles : inv. 1, 2, 5, 20, 68, 305, 522, 663, 729, 730, 1063, 1108; 1375, 1376, 1458 1505, 1828, 1829, 1885, 2023, 2472, 2693, 2955, 3317, 3436 4963. Jean-Paul Desroches "Les porcelaines" dans F. Goddio, [/et al./], [/Le San Diego, un trésor sous la mer/] - Catalogue de l’exposition, Paris,1994, p. 300-359.