Comme pour les kraak-porselein, la majeure partie des pièces du type Swatow est constituée de plats ou d’assiettes. En général les plats sont profondément carénés, comportant ou non un rebord. Les assiettes plates et creuses mesurent entre 17 et 22 centimètres. Leur bord est lisse ou découpé en accolade. Il est nu ou orné de registres inscrits sur un fond tapissant de motifs d’écailles. La paroi inclinée s’arrondit doucement. Le motif central est encadré de filets. Le sujet le plus courant représente un phénix dans un jardin. L’iconographie la plus répandue montre cet échassier dressé sur une seule patte, l’autre étant repliée près du corps. Il semble fier avec sa longue tête retournée, plantée sur un cou en S, et son oeil ovale caractéristique. Sa queue ondoyante prolonge une silhouette élégante. Autour de lui sont répartis sous forme de notations cursives des plantes, des fleurs, des oiseaux. L’image très synthétique atteint la force d’un symbole. Il est vrai que le sujet n’est pas nouveau et participe d’un mythe très ancien, déjà présent sur les bronzes Shang et Zhou et qui revêt sa forme définitive sous les Han. Cette sorte de paon, figuré au Maoling, le mausolée de Wudi (140-87), est adopté par les iconographes médiévaux. Il orne les céramiques émaillées des Tang, les porcelaines Song, puis les bleu et blanc Yuan. Les Ming reprennent le motif, puis les ateliers populaires de la Chine méridionale sous Jiajing et Wanli l’exportent à travers le monde. La jonque du Royal Captain Shoal, fouillée en 1985, près de la mer de Sulu, en comptait un nombre important stocké tête-bêche par lots de dix.Des fragments furent aussi ramassés au large de la Californie, provenant vraisemblablement du naufrage en 1595 du San Augustin. D’autres furent retrouvés aux Bermudes sur le San Pedro, avec des étains européens et une croix en or sertie de sept émeraudes. Ils étaient aussi à bord du Witte Leeuw au large de l’île Sainte-Hélène et figurent aujourd’hui encore dans les grandes collections formées à la Renaissance comme le Topkapi Saray ou le palais de Santos. Sur toutes les routes de la planète, la céramique chinoise constitue souvent le jalon historique le mieux conservé. Un bon exemple de ces bornes se situe sur le littoral de l’Afrique orientale. Il s’agit notamment des piliers funéraires retrouvés dans la région de Mombasa au Kenya, et particulièrement ceux de Malindi et Mambrui évoquant un échantillonnage du mobilier en porcelaine relevé sur le San Diego. On retrouve les mêmes thèmes, canards, daims, oiseaux, paysages maritimes... La porcelaine chinoise demeure la denrée la plus universellement diffusée à l’époque. De nos jours son charme continue d’opérer avec son langage sans âge. Il a suffi de quelques traits au décorateur de l’assiette au canard pour fixer une image, une émotion qui pourrait provenir aussi bien d’un croquis pariétal paléolithique que d’une esquisse contemporaine. Autres Swatow du San Diego: Pièces de forme : Inv. 37, 38, 156, 222, 273, 753, 839, 1060, 1061, 1149, 1230, 1236, 1237, 1346, 2064, 2712, 3037, 3253, 3305, 3309, 3595. Plats: inv. 17, 18, 45, 183, 232, 265, 306, 386, 585, 669, 670, 742, 748, 761, 925, 928, 929, 1086, 1087,1088, 1173,1238, 1440, 1445, 1446, 1498, 1852, 1853, 1854, 1855, 1859, 1860, 2055, 2056, 2078, 2079, 2291, 2292, 2319, 2338, 2714, 2715, 3147, 3380, 4529, 4757. Jean-Paul Desroches "Les porcelaines" dans F. Goddio, [/et al./], [/Le San Diego, un trésor sous la mer/] - Catalogue de l’exposition, Paris,1994, p. 300-359.