Plusieurs types de boîtes en porcelaine ont été retrouvés sur l’épave du San Diego : certaines de section carrée, les plus rares ; d’autres circulaires, munies d’un couvercle formant une coupe avec ou sans bouton de préhension, peu fréquentes ; enfin les plus nombreuses, oblongues, une trentaine environ. Dans ce dernier cas, on note deux variantes, un modèle aux quatre côtés rectilignes avec des arêtes adoucies aux angles, un second dont la section se rapproche d’une ellipse. Les unes comme les autres sont construites à l’aide de parois solides, plus ou moins galbées, reposant sur un pied portant une base discrètement convexe. L’intérieur est divisé par une cloison médiane créant deux compartiments égaux. L’ensemble est revêtu d’une couverte, à l’exception de la mince collerette interne qui s’élève en retrait pour former le cran de blocage du couvercle et de son assise plate. Des filets sont posés au pied, à l’ouverture et sur les flancs pour souligner les articulations morphologiques. La partie inférieure est généralement ornée d’un motif d’oiseau sur une branche ou de quelques grandes herbes. Les flancs du couvercle peuvent, soit reprendre cette ornementation, soit offrir des médaillons alternant avec des fonds géométriques. Le dessus du couvercle constitue la plage décorative principale. Les thèmes sont sobres avec un motif simple ressortant sur un fond, comme un poisson nageant au milieu des vagues ou un phénix volant parmi les nuages, ou composé avec un effet d’espace, comme un daim dans un sous-bois, un oiseau sur une branche, un insecte dans les herbes. La boîte inv. 3248-221 porte sous la base, inscrit sous couverte en bleu de cobalt en belle graphie régulière, Shi You, le nom et le prénom de l’artisan qui l’a exécutée. Toutes ces boîtes, mesurant entre 10 et 14 centimètres, vont peu varier au cours du XVIIe siècle. Celles qui furent relevées sur le Witte Leeuw, coulé en 1613, ne se différencient pas vraiment de celles du San Diego, et les pièces recueillies par Hatcher sur un cargo disparu après 1640 n’en sont pas non plus très éloignées. On les retrouve fréquemment dans le Sud-Est asiatique, d’où leur appellation courante de « boîte à bétel ». Toutefois, il y a lieu de nuancer cette dénomination, car, dans un inventaire d’un stock de la V.O.C. entreposé à Fort Zelandia et daté de 1645, Volker signale qu’elles sont mentionnées comme boîtes borehboreh, un terme indonésien désignant un onguent médicinal. En Occident, elles servaient, semble-t-il, aux condiments. L’une d’elles figure d’ailleurs, posée sur une table, dans une nature morte peinte vers 1650 par Guerrit Willem Heda, avec son couvercle placé près d’un citron sur un plat en argent, une situation attestée cinquante ans plus tôt sur le San Diego. Jean-Paul Desroches "Les porcelaines" dans F. Goddio, [/et al./], [/Le San Diego, un trésor sous la mer/] - Catalogue de l’exposition, Paris,1994, p. 300-359.