"La typologie et la construction de cette garde permettent de la situer chronologiquement vers la fin du XVIe siècle, lui manquent son pommeau, les anneaux et la branche arrière de sa fusée (ou poignée) sur lesquels s’appuyaient les quillons horizontaux (celui de droite brisé en son extrémité), l’arc de jointure qui se diversifie en deux rameaux traçant une large esse venant rencontrer la base des pas-d’âne. L’ensemble était gravé d’un décor vermiculé et doré proche de celui gravé à la base du pommeau inv. 5194. Dans toute l’Europe d’alors, les gentilshommes portaient des épées analogues, aux gardes larges et amples en rapport avec la longueur de la lame. Au cours du XVIe siècle, le schéma de la garde, resté jusqu’alors cruciforme, tend à se compléter de plusieurs éléments destinés à assurer plus parfaitement la protection de la main ; ces dispositifs nouveaux résultent de la généralisation des coups de pointe et des transformations et progrès de l’escrime. Vers 1550, l’anneau de côté, l’arc de jointure, les branches obliques se généralisent ; il en résulte une construction, souvent d’une parfaite et remarquable qualité d’exécution, propice aux décors les plus variés, ciselure, damasquine, argenture, dorure. C’est l’époque où, selon les inventaires anciens, les fourbisseurs réalisent à la demande des garnitures d’épée, à la façon de Milan, d’Allemagne ou à la mauresque. Une certaine pauvreté dans l’expression du décor de la garde inv. 114 ne permet pas d’en discerner les sources précises. La dorure qui la recouvre est traditionnelle sur les armes de qualité. Lors de l’abordage du bateau hollandais, un marin espagnol du nom de Juan Rubio (A.G.I., fil. 59, n° 41) rapporte avoir vu dans l’appartement de l’amiral hollandais una espada dorada... Une autre garde d’épée présente sur l’épave offre les mêmes particularités ornementales que deux épées du musée de l’Armée (inv. J PO 1317 et J PO 2031) et une déposée à la Tour de Londres (inv. IX 939). La forme de son pommeau est l’indice de l’origine espagnole de la garde, vers 1600. De tels pommeaux aux contours triangulaires, aux faces planes ajourées de plusieurs fenestrages, aux motifs décoratifs répétés sur les autres éléments de la monture, paraissent fréquents dans la production espagnole du temps. Jean-Pierre Reverseau "Les armements portatifs" dans F. Goddio, [/et al./], [/Le San Diego, un trésor sous la mer/] - Catalogue de l’exposition, Paris,1994, p. 192-2001.