Cet instrument est probablement l’une des pièces les plus étonnantes qui aient été ramenées au jour au cours de la fouille du San Diego. Simple plateau concrétionné supportant une petite boîte vitrée, son véritable intérêt n’est pas apparu immédiatement évident et il a longtemps été interprété comme une simple boussole. C’est en fait au cours de sa restauration qu’il est soudainement devenu manifeste que le cerclage métallique du disque plat constituait en fait les éléments d’un système astronomique complexe se déployant en sphère autour du disque portant l’alidade. Dérivé de la sphère armillaire, il s’agit en fait d’un anneau astronomique à trois cercles. L’état de conservation de la pièce ne permet malheureusement pas d’expliquer avec précision la fonction de chaque cercle gradué. Le disque plat, d’un diamètre de 22,4 centimètres, porte sur sa circonférence une graduation en degrés par quart de cercle, de 0 à 90°, selon un rythme 0-90-0-90-0, deux 0 matérialisant par conséquent l’origine de la graduation circulaire. En regard de cette première graduation, l’un des quarts de cercle porte deux côtés d’un carré dont l’angle est positionné au 45° sur la circonférence du disque. Les deux côtés de ce carré sont également gradués tous les 1,5 degré de 0 à 30, et portent la numérotation 5-10-20-30, le chiffre 30 étant commun aux deux côtés du carré. Au centre de ce disque, une petite boussole, très sommaire, montée à cardan, permettait de situer le pôle magnétique. Une alidade à pinnules, partiellement détruite, montée sur un cercle de rotation, permettait salis doute d’assurer une visée astronomique. On observe que la partie symétrique de l’alidade, aujourd’hui disparue, était mobile verticalement. Cette constatation amène à s’interroger sur la fonction exacte de ce prolongement de l’alidade. Peut-être s’agissait-il d’une aiguille inclinable que l’on pouvait régler à la latitude du lieu et qui projetait son ombre sur l’une des couronnes graduées, afin que l’on y lise l’heure. Son utilisation serait donc assez proche, au moins en ce qui concerne cet élément de l’anneau, du cadran solaire du compendium conservé au Musée maritime de Greenwich. Les arceaux, dont le diamètre est de 24 centimètres, s’ouvraient en sphère autour du disque plat central. Ils sont gradués symétriquement, deux sur la totalité du demi-cercle, en degrés et numérotés de 0 à 12 tous les 15°, selon le rythme 1-2-3... -12. Les deux autres sont gradués sur le quart supérieur, également en degrés et numérotés de 0 à 90 tous les 10°, selon le rythme 0-10-20... -90. Deux petites poignées de suspension munies d’ergots coulissaient dans la rainure supérieure de ces arceaux afin de suspendre l’objet selon l’axe d’équilibre souhaité. Un système de serrage permettait de garantir la stabilité du réglage déterminé. Cet anneau astronomique était sans doute accompagné, comme l’astrolabe, de tables de déclinaison permettant d’interpréter les résultats obtenus jusqu’à obtenir la lecture de l’heure du lieu au moment de l’observation. La fonction première de cet anneau astronomique était en effet de connaître l’heure et sans doute le jour de l’observation, première approche du calcul des longitudes qui ne sera pas réalisé avant le XVIIIe siècle. dans F. Goddio, [/et al./], [/Le San Diego, un trésor sous la mer/] - Catalogue de l’exposition, Paris,1994, p. 202-213.