De forme traditionnelle pour les années 1600, ce pommeau doré en plein se singularise par l’importance de son volume et l’originalité de son décor. Des côtes saillantes au tracé vertical séparent l’ensemble en quatre zones au centre desquelles se détachent en haut relief les bustes de personnages masculins et féminins rendus de profil. Sur la partie supérieure du pommeau, la goutte - appendice destiné à retenir l’extrémité de la soie qui prolonge habituellement la lame à travers la fusée de la poignée —semble particulièrement marquée, indice du montage sur cette arme d’une forte lame. Caractéristique des pièces de qualité, l’ornementation envahit jusqu’aux faces du pommeau. Les figures apparentes ici induisent à penser qu’elles pouvaient, à une échelle plus réduite, être répétées et agrémenter les autres éléments de la garde. Leur inspiration antiquisante n’est guère originale, elle se discerne sur d’autres épées de l’époque, certaines réputées de provenance espagnole (Copenhague, Tojhusmuseet, inv. C.129/1942, lame portant l’inscription Sahagun, vers 1600-1610), mais leur traitement, desservi ici par une facture sommaire, paraît exprimer des influences peut-être « américaines », voire « mexicaines ». Jean-Pierre Reverseau "Les armements portatifs" dans F. Goddio, [/et al./], [/Le San Diego, un trésor sous la mer/] - Catalogue de l’exposition, Paris,1994, p. 192-2001.