Le corps de grès rouge sombre avec de nombreuses inclusions est revêtu d’une couverte noire d’épaisseur irrégulière, pelée par endroits. Un décor en léger relief constitué de pastilles et de fins bourrelets d’argile blanc grisâtre souligne l’embouchure et la base du col et divise la panse en panneaux. D’origine difficile à préciser, ce type de jarre provient probablement de Martaban, ville portuaire birmane sur le golfe de Pegu, à l’est du delta de l’Irawady, qui fut l’emporium obligé par où transitaient les marchandises acheminées par voie terrestre en provenance de haute Birmanie, de Chine ou du Siam. Des voyageurs européens, dès le XVIe siècle, font état de très grandes jarres à couverte noire, fabriquées à Martaban, exceptionnelles par leur taille’. Ont-ils pu confondre l’entreposage et la manufacture ? Pourtant, au xvile siècle, les rapports du Dagh Register à Batavia où sont notamment transcrits les mouvements des vaisseaux hollandais et aussi ceux de l’India Office à Londres mentionnent que des martaban ont été offertes au sultan de Banten à Java ou encore que des navires partent de Pegu transportent des martaban. On retrouve ainsi ces mêmes grandes jarres au Sabah dans l’île de Bornéo, très recherchées dès le xvme siècle. Le Museum of International Folk Art de Santa Fe en possède une, arrivée sur un galion de Manille en Nouvelle-Espagne. Réutilisée localement, on l’a dotée d’un couvercle de fer maintenu par des rivets pour en préserver le contenu : chocolat, vin, or ou argent.